Une semaine de volontariat au Laos pour aider les éléphants d’Asie

Alors qu’on déprimait de voir tous ces tours de « elephant ridding » depuis la Thaïlande, on se demandait bien ce qu’allait devenir l’éléphant en Asie. Surtout dans ce pays, le Laos, jadis appelé « le pays au million d’éléphants ».

On voudrait faire plus, apporter notre contribution, mais les centres de conservation « sérieux » ne courent pas les rues (hélas), et proposent des tarifs hors budget pour nous. Lorsque nous avons décidé de lancer notre cagnotte en ligne pour récolter les fonds nécessaires, on ne se doutait pas que tant de personnes répondraient si généreusement à notre appel. Grâce à elles, nous voilà en route pour Sayaboury, à 2 heures de Luang Prabeng, province qui compte le plus d’éléphants au Laos. Nous y resterons une semaine.

Petite présentation de l’Elephant Conservation Center (ECC) : 2 français ont fondé ce centre dans l’espoir de sauver une espèce vouée à disparaître, l’éléphant d’Asie (Elephas maximus). 16 décès par an pour 3 naissances au Laos (dont 2 à l’ECC), à ce rythme il va être difficile de faire perdurer l’espèce. Aussi, on ne compte plus que 400 éléphants sauvages, et autant  en captivité. On est loin du million d’éléphants supposé du Laos. Avec l’association ElefantAsia qu’ils ont fondé, les frenchies souhaitaient sensibiliser le peuple Lao à la sauvegarde de cet animal emblématique en organisant des caravanes à travers le pays, mais aussi créer une sorte de maison de retraite et un hôpital pour les pachydermes.DSC08815

Nous arrivons à l’Elephant Conservation Center en compagnie d’autres volontaires (nous serons 6 en tout) et de visiteurs. Le centre propose en effet de découvrir les activités du centre en 2 ou 3 jours au choix. Nous suivons donc tout d’abord le programme de 3 jours qui nous permettra de nous familiariser avec le quotidien à l’ECC avec notre guide, Khan.DSC09038

Anabel, la biologiste du centre, nous explique tout d’abord la situation des éléphants au Laos, les enjeux de leur sauvegarde, et les menaces qui pèsent sur l’espèce. Les éléphants ne font pas que promener des touristes, au Laos ils sont surtout utilisés pour les travaux de débardage en forêt. Ces animaux tirent, soulèvent, poussent, les troncs des arbres que l’humain détruit. On les fait participer à la destruction de leur habitat, souvent au dépend de leur santé. Anabel nous apprend également à faire un check up pour voir si un éléphant est en bonne santé, les bobos les plus fréquents, et nous fait un petit cours d’anatomie !

Tout à coup, un barrissement surgit de la montagne ! Ça y est plus personne n’est concentré, les éléphants arrivent !!! C’est l’heure du bain, petit rituel que nous suivrons tous les jours vers 14h30 ! Chevauchées par leurs « mahouts » (cornacs en hindie), les éléphantes marchent calmement vers le lac. Hop tout le monde à l’eau !

Nous les observons longuement avant que notre guide nous les présente individuellement. Chaque éléphant de l’ECC a un mahout qui s’en occupe : il passe sa journée à s’assurer que l’éléphant aille bien, ait assez à manger et boive suffisamment, se baigne, etc. Il guide l’éléphant à ses différentes activités de la journée, et on ne peut pas approcher un éléphant sans la présence de son mahout.

Plusieurs groupes d’animaux vivent à l’ECC :

  • Les femelles : à l’état sauvage, les éléphants vivent entre femelles et petits
  • Le mâle adulte : souvent à l’écart en raison de ses périodes de « musth » (rut), les mâles adultes vivent en solitaire dans la nature.
  • Les mamans et petits : l’ECC a un baby bonus programme ; afin de permettre aux éléphantes et à leur mahouts de ne pas travailler pendant la gestation et l’éducation du petit, l’ECC prend en charge maman et bébé pendant 4 ans (2 ans de gestation et 2 ans de sevrage). Ces éléphants n’appartiennent pas au centre, elles ne sont pas dans le groupe de femelles.
  • Les chats : au resto, bien à leur place près de la cuisine 😉

Nous irons ensuite nous présenter aux éléphants, les toucher, leur parler, et leur donner leur met préféré : de la canne à sucre !!!

Ensuite nous les suivrons jusque dans la forêt, où ils passent la nuit enchaînés (30 mètres
de chaîne).Ça parait triste mais c’est pour ne pas qu’ils aillent piller les cultures alentours.
Et comme ils passent beaucoup de temps à s’alimenter en forêt, on ne peut pas les laisser dans un même enclos, car la végétation doit pouvoir se régénérer ; il faut donc les changer de place régulièrement.

On termine nos journées dans un ambiance sympa, on discute dans toutes les langues, on mange tous ensemble, on joue, on rigole. DSC09168Nous écoutons attentivement Bounmy, l’ébéniste du centre, écrivain à ses heures perdues, nous raconter ses 15 ans d’expatriation au Laos, nous parler des éléphants, des Lao, des us et coutumes… Après on file dormir dans le dortoir des volontaires, sans ventilateur, sans électricité. Quand ce n’était pas la chaleur intenable qui nous empêchait de dormir c’était la pluie qui traversait le toit : à l’ECC on vit comme un éléphant 😉

Deuxième jour, nous nous rendons à la nurserie, admirer mamans et bébés éléphants. Quelle complicité, les bébés sont toujours dans les pattes ou sous le ventre de leur mère, c’est tellement beau.

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Ensuite nous allons observer le groupe d’éléphantes dans l’espace de socialisation. En effet, les éléphants de l’ECC ne sont pas une famille comme à l’état sauvage ; elles viennent de différents endroits et ne se connaissaient pas avant d’être au centre. Certaines comme Mae Khoun n’ont jamais vu d’autres éléphants : cet espace leur permet d’interagir librement, tous les jours entre 9h et 14h. Pour Anabel c’est aussi l’occasion d’observer le comportement des éléphants, la place de chacune dans le groupe, les complicités et dominances. C’est l’activité que nous avons préférée, car il n’y a aucune interaction entre l’homme et l’animal. C’est super de les voir évoluer librement, aller où ils veulent.

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L’après-midi aux heures les plus chaudes nous avons toujours un temps libre pour aller nous baigner dans le lac, faire la sieste, bouquiner…

DSC08903Après leur bain, nous allons voir l’entrainement des éléphants à l’hôpital : afin de les soigner plus facilement, les mahouts et Anabel apprennent aux animaux à obéir à quelques ordres afin qu’ils puissent les ausculter et les entretenir (pédicure etc). A coup de bananes ca marche plutôt bien ! Ainsi familiarisés à rester dans ce drôle d’enclos, il est plus facile de voir ce qui ne va pas quand ça ne va pas. Car un éléphant, ça s’entretient ! Nous passons encore du temps avec Anabel qui se fait un plaisir de répondre à nos questions sur les éléphants, leur anatomie.

DSC08954Troisième jour, aujourd’hui nous sommes en charge de divertir les éléphants. Etant des animaux très intelligents, il est important qu’ils ne soient pas dans une routine ennuyeuse. C’est pourquoi à tour de rôle, ils passent leur matinée dans la zone d’enrichissement. Nous cachons de la nourriture un peu partout dans la forêt mais aussi dans les différents « jouets » fabriqués sur mesure.  Des puzzles, des casses têtes, mais aussi un défouloir pour le petit éléphant né au centre. Agé d’aujourd’hui 5 ans, Surya n’a pas d’autres éléphanteaux de son âge pour s’amuser. Aussi, c’est un lieu d’apprentissage pour lui, car chacune de ses marraines lui montrent comment résoudre les problèmes, et lui apprennent ce qui est comestible ou non. Un vrai moment de complicité.

Cet après-midi commence notre mission avec notre coach Damaris : nous devons améliorer et créer de nouveaux jeux pour nos amis à trompe. Brainstorming intense et analyse de ce qu’on a observé le matin même, les idées fusent mais les moyens sont limités.

Quatrième, cinquième et sixième jours : les matins nous peignons des poteaux pour faire de nouvelles clôtures électriques qui protégeront les plants de bananiers qui seront plantés dans la zone de socialisation. Les après midi seront consacrés à la fabrication des jouets et au remplacement ou amélioration des jouets en place.

Le dernier jour nous regarderons amoureusement les éléphants jouer avec nos créations, ils ont l’air d’apprécier !!! Mission accomplie !

C’est avec une grande tristesse que nous devons quitter l’ECC : les éléphants mais pas que, les 40 personnes qui vivent dans ce village éléphant, et essaient chaque jour d’inverser le court des choses. Nous avons passé une semaine au plus près de ces jardiniers de la forêt, qui ont une place de première importance dans le milieu naturel d’Asie du Sud Est.

 

 

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